Dorian Heimdall et Allan Smith viennent de => Les portes du savoir.
Une vive odeur de safran réveilla du fond de la conscience de Dorian Heimdall de lointains souvenirs. Alors qu’il savait que tout ceci n’était qu’un rêve, que tout ceci n’était le fruit que de son accident, il ne chercha pas à s’y soustraire. Lentement, il marchait dans ce souvenir, plus précisément dans le souvenir du couloir du dernier étage du manoir Heimdall, le couloir où tout en haut des marches se trouvait le précieux grenier renfermant le Livre des Ombres familial.
Au pas de la précieuse pièce, il s’arrêta, contemplant d’une façon presque tendre le lieu baigné d’une lueur irréelle. Encore une fois, Malissia Heimdall cherchait à communiquer avec lui. Encore une fois, elle avait fait revenir son esprit au près d’elle, comme à chaque fois qu’elle le pouvait. Apparaissant à ses côtés, son arrière arrière grand-mère glissa une main attentionnée sur l’épaule de son descendant, le regardant d’une mine remplie de tendresse
« Plus tu avanceras, et plus cela deviendra irréversible, Dorian. » Dit-elle.
Le jeune Fils du Temps ne releva pas la tête vers elle, se contentant de fixer le grimoire familial, ce grimoire qu’elle lui refusait l’accès depuis des années. « Penses-tu pouvoir changer le Destin, si je revenais ? » Murmura-t-il sèchement. « N’est-ce pas la seule chose qu’on ne puisse réellement changer Grand-ma ? » Il remonta ses yeux durs vers elle, inquisiteur. « Comment peux-tu enseigner des idées que tu n’es pas prête à appliquer ? Je t’ai toujours entendu dire que le Destin était écrit et que nous ne pouvons nous soustraire à lui. Qu’il fallait l’accepter. »
La matriarche des Heimdall fit un pas dans la pièce, s’approchant du Livre des Ombres. « Je ne suis pas prête à accepter cela Dorian, je ne me résigne pas. L’idée de savoir que tu causeras notre perte me rend folle de rage. »
« Contre qui ? » Défia Dorian d’un ton ferme. « Contre le Destin qui a prévu cela ? Ou contre moi ? »
Légèrement, les paupières de Dorian Heimdall bougèrent, agressées par la clarté d’un rayon de soleil perçant les stores en plastiques blancs. Le jeune sorcier tourna la tête en grimaçant, puis il ouvrit les yeux. Où était-il ? Que lui était-il arrivé ? Dorian se souvenait vaguement de ce qu’il s’était passé ; des deux braqueurs de la supérette, de Pan et de la fulgurante douleur qui avait dérobée son énergie, et puis, il se souvenu d’Allan. Etait-ce lui qui l’avait emmené ici, dans cette chambre d’hôpital ?
Encore un peu patraque, le regard embrumé par une lourde fatigue qui allait en diminuant plus il reprenait conscience, le jeune homme tenta de se redresser sur le lit blanc mais une main l’en empêcha. Un infirmier, grand et blond au visage plutôt charmant se tenait posé à ses côtés, remplissant quelques notes d’une fiche médicale en examinant la perfusion. « Ah, parfais ! Vous êtes enfin réveillé. Restez donc allongé. »
« Où suis-je ? » Demanda le jeune sorcier pour se rassurer qu’il était bien dans un hôpital comme il le pensait.
« A l’hôpital. » Lui répondit-on. « Mais ne vous inquiétez pas, tout va bien. Nous avons soignés vos blessures, nous n’attendions plus que votre réveil. »
« Combien de… »
« De jours ? Deux. Vous dormez depuis deux jours. Le docteur Delamarre passera vous voir tout à l’heure. Vous avez eu de la chance que le procureur passait par là pour vous sauvez de votre agression. » L’infirmier reposa la fiche médical devant le lit, s’éloignant vers la porte. « Mais pour l’instant, reposez-vous encore un peu, et surtout ne vous inquiétez pas, tout ira bien. » Finit-il par dire avant de quitter la chambre.
Une fois seul, précautionneusement, Dorian passa en revue les soins qu’on lui avait apportés. Derrière son crâne, un bandage avait été placé et sous les compresses de sa main, des fils avaient été posés. Effectivement donc, on avait prit soin de s’occuper de ses multiples plaies. Main bandée, pansements posées et agrafes refermant des petites plaies, atténuaient considérablement les douleurs du jeune sorcier, ne laissant derrière elles, que de légers picotements peu désagréables.
Par contre, ce qui était désagréable, c’était l’idée qu’on ait osé le dévêtir entièrement pour lui enfiler une blouse de malade. Nu sous celle-ci, Dorian n’avait qu’une idée en tête, c’était de retrouver ses vêtements et s’en aller le plus vite possible. Arrachant le cathéter de son bras sans ménagement, le jeune sorcier bondit hors du lit, grimaçant en sentant ses fesses à l’air.
Et soudain, dos à la porte, il réalisa l’impensable en touchant à travers le tissu de la blouse une protubérance à hauteur de nombril. Alors, ils l’avaient dévêtu, ils l’avaient vu nu. Ils avaient donc put examiner à leur aise ce qu’il se dissimulait sous cette blouse à hauteur de nombril ? Cette idée le confortait dans son envie de s’en aller le plus vite possible d’ici. Il ne pouvait expliquer à ces mortels cartésiens cela, non, ils ne pourraient pas comprendre cette « infirmité » magique… cette marque... cette cicatrice qui apparaissait, sortant du fond de lui, tous les cycles de quatorze jours et qui restait visible durant environs une semaine.
Brusquement, il sursauta et se retourna vers la porte lorsque celle-ci s’ouvrit. Un peu gêné d’être seulement vêtu d’une blouse lui arrivant à mi-cuisse, le jeune homme s’empara du long rideau en plastique servant à cacher les interventions médicales plus intimes, regardant Allan Smith, son invité surprise.
« Pride ! »
Dernière édition par le Jeu 24 Mai - 5:40, édité 1 fois