Le corps luisant de sueur, Dorian Heimdall se remettait plus difficilement cette fois-ci du moment torride qu’il avait une fois de plus subit, sans essayer une seule seconde de si soustraire. Eh bien, Allan Smith avait réussi à l’épuiser. Sur les rotules, Dorian était. Rincé, il sentait son corps dépourvu de toute énergie. Rester sous le procureur, une jambe enroulée autour de sa cuisse, était tout ce qu’il pouvait faire pour l’instant, tant que son cœur battant la chamade dans son thorax ne se calmait pas.
Ainsi, un long moment, Dorian garda le silence malgré la question posée par le grand homme. Alors que le procureur baisait toute peau à portée de lèvres, Dorian dû chercher au fond de lui la volonté de se dégager de dessous ce corps merveilleusement rassurant et viril à la fois. Oh, il n’allait tout de même pas passer la nuit à trainer par ici, nu dans ce parc alors qu’il avait un travaille à assurer cette nuit, et qu’il était déjà sacrément en retard. Dorian voyait déjà Monsieur Hiro d’ici le lui reprocher pendant une semaine.
Lentement, le jeune homme glissa sur le côté, les fesses sur l’herbe et dans un élan mou, il se redressa, récupérant ses quelques vêtements trainant sur le gazon au passage. « Je ne sais pas si je possède un peu de ton pouvoir de procureur… » Dit-il en soulevant le pantalon d’Allan à la recherche de son propre slip qui visiblement persistait à rester perdu. « Nous verrons bien lorsque j’aurais braqué une banque. » Il jeta un coup d’œil amusé au grand homme qui le regardait toujours allongé dans l’herbe, puis il reprit ses recherches. « Si je m’en sors sans une arrestation de la part de l’Etat, alors ça voudra dire qu’en effet, je suis… »
Soudain, il s’arrêta. Une onde de choc dans le continuum espace temps se fit ressentir. Dorian Heimdall se retourna, fixant un Allan qui restait immobile. Le Temps tout entier venait de se stopper alors que Dorian ne l’avait nullement commandé. Mais, alors qu’il allait se mettre à chercher les raisons de tout ceci en fouillant précisément la réalité des multiples Rivières du Temps, l’instinct du jeune homme le fit se retourner.
« Tu me surveille ? » Crachat-il avec mépris.
Devant lui, dans une aura argenté, près d’un arbre se trouvait le spectre astral de Malissia Heimdall, son arrière arrière grand-mère, matriarche de grande puissance de la longue lignée des Maîtres du Temps. Alors c’était elle qui s’imposait encore à lui de la sorte afin d’entrer en contact. Parfois, Dorian Heimdall recevait la visite de son aïeule, souvent lorsqu’il ne s’y attendait pas, ou dans ses rêves, où la vieille femme rousse ne se privait certainement pas de s’imposer.
La mine grave, elle osa un pas vers lui. « Comment peux-tu… ? »
Dorian la coupa aussitôt. « Coucher avec un homme ? » Nu comme un ver devant elle, les bras le long de son corps, le jeune homme n’éprouvait aucune gêne à rester ainsi. « Ça te dégoute ? »
« Tu sais très bien qu’il n’y a que l’âme qui compte pour nous et que le corps n’est qu’enveloppe. » Assura la vieille femme.
Le jeune homme laissa échapper un rire incrédule, plutôt moqueur. « Eh ben alors. » Il jeta amèrement au sol ses vêtements, se détournant d’elle pour continuer de rechercher ses sous-vêtements. « Tu devrais être contente ! Dis-toi que ton putain d'arrière arrière petit-fils n’a pas réellement brisé le cycle des femmes et qu’il possède l’une des âmes de tes satanées femmes en lui. »
Visiblement ébranlée, Malissia garda tout de même sa contenance et passa au silence cette vieille rancœur que Dorian gardait au fond de lui. Lentement, elle marcha à travers la pelouse, regardant Allan dont le Temps avait stoppé la course. « Comment peux-tu te complaire dans les bras de cet homme Dorian ? » Se lamenta-t-elle. « Son âme est sale et ternie de nombreux meurtres. C’est un démon. » Dans ses longs cheveux roux voyageait le souffle d’un vent lointain, ce qui les faisaient ondulés. « En restant avec lui, tu souilles la tienne, et tu marches inévitablement vers… »
« Le crépuscule de la famille que je vais provoquer par mes actes irréfléchi… » Claqua-t-il en soupirant grossièrement d’un air agacé. « Je connais la chanson Grand Ma, alors par pitié, sort de ce plan astrale et retourne faire ton Impératrice là où tu as le pouvoir de le faire. »
Sérieusement, elle s’approcha de lui afin de déposer une main brillante sur sa joue qu’elle caressa avec tendresse. « Plus tu avances Dorian, et plus tu scelle notre funeste destin. » La voix ébranlée, Malissia semblait désespérée, voir anéantie. « Reviens parmi nous et laisse cette vie aux êtres inférieurs. Laisse cet homme et cette sorcière. Ta place n'est pas avec eux. »
Pour la première fois depuis toujours, Dorian Heimdall sentit une pointe de sincérité dans sa voix. Oui, elle voulait qu’il revienne chez eux, et elle semblait réellement triste de le savoir loin, mais le jeune homme savait qu’elle ne l’était qu’à cause de cette pseudo vision qu’elle avait eut de leur passé où il causerait la perte de cette très respectée famille.
« Cette vie me plait. » Trancha-t-il. « Il n’existe pas de mot pour te décrire combien je m’y sens bien, et surtout combien je suis libre. Alors, va-t-en. Ou je te force à partir. »
Même si la tendre main de ce spectre astral n’avait pas la douceur de la main de sa Grand Ma, Dorian se surprit à y savourer ce contact chaleureux. Oui, sa famille lui manquait, en particulier sa mère et ses sœurs, mais il avait gouté au fruit défendu de la liberté en dehors de cette prison dorée, et à cause de cela, il ne pourrait jamais y retourner. Jamais il ne pourrait se résoudre à ne plus vivre comme maintenant, en homme libre et responsables de ses actes, aussi mauvais soit-ils.
Voyant qu’il ne changerait pas d’avis, le spectre astral de Malissia Heimdall disparu sans un mot de plus, ramenant derrière lui la course du Temps. Dorian, troublé par cette nouvelle rencontre resta un instant immobile, la tête baissée et les yeux rouges. Dans ceux-ci, quelques larmes menaçaient de couler, mais trop fier, il refusa de les laisser s’échapper. Non, Malissia avait tors et cette prophétie ne se réaliserait pas. Jamais celle-ci ne se réaliserait !
Mais, le spectre astral avait apporté bien des tourments et des questions. Avait-il déjà oublié qu’Allan Smith était un démon au fond de lui ? Mais quel démon attirant. Han putain, cette éducation qui avait fait de lui autre fois un sorcier marchant fièrement sur le chemin de la neutralité se brisait de jour en jour au gré de ses interactions. Du Mal qu’Allan représentait, Dorian y décelait le Bien, et du Bien que Phoebe Halliwell et son Pouvoir des Trois incarnait, il y voyait le Mal. Où était donc passée cette frontière ?
Silencieusement, Dorian reprit ses recherches, préférant ne pas penser à cela, afin de ne pas devenir fou. Car, quoiqu’il puisse en dire, il basculait de plus en plus dans un camp…
« Tu n'aurais pas vu mes sous-vêtements ? » Se contenta-t-il de dire alors qu'il tombait sur ses genoux et qu'il fouillait l'intérieur d'un buisson. « Si on me les à voler comme ma chemise la dernière fois, je pete un câble. »